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Le respect mutuel PDF Imprimer Envoyer

Cela peut paraître original, mais surtout porteur d'interrogation. En effet, pourquoi un étranger irait apprendre le respect à des égyptiens?

 

Resituons les faits pour mieux comprendre mon action sur place.

 

¤ P l a n :

 

[Introduction] [Mon action]

 

 

¤ I n t r o d u c t i o n :

Resituons les faits.

Nous sommes en Egypte, pays arabe musulman. La violence physique est présente dans le quotidien.

Les enfants des rues sont un public dur. Ils survivent tous les jours dans la rue. Ils n'ont pas de règles.

Le "social" n'est pas un "métier", encore moins une vocation. Pour la plupart, c'est le dernier recours avant la rue, et une certitude de toucher sa paye à la fin du mois.

Imaginez maintenant ce public, dans ce pays, venant dans un centre d'accueil comme "Kafr el Sissi".

Le centre en lui-même doit obligatoirement avoir un minimum de règle pour continuer d'avancer.

Un élémentaire serait par exemple de ne pas frapper un éducateur, en règle générale un adulte, dans cette enceinte.

Mais cela ne paraît élémentaire que pour nous, occidentaux.

Ici, certains jours, des enfants échappent à cette règle.


Et malheureusement, l'inverse est aussi souvent le cas.

Pour un oui, pour un non, pour une faute, pour un affront, les adultes du centre se permettent de frapper les enfants.

Plusieurs degrés bien sur. Mais certains qui font quand même réagir.

Et quand des animateurs, censés être éduqués, formés, et surtout dans leur élément, passent leurs nerfs sur un enfant...


Nous avions déjà été confrontés à un épisode de ce style avec l'association, c'était en juillet 2005. Une sortie au Canal de Suez à la fin de notre séjour.

[...]

Journée sympathique où tous les enfants se sont amusés. Les animateurs avaient même (au comble de notre étonnement) préparés des animations, à grand renfort de musique égyptienne.

Puis au moment de partir, la faille...

Les enfants attendent patiemment l'arrivée du bus, ou peut-être juste l'ordre des animateurs pour prendre place a l'intérieur. Un des animateurs, Mogbil, entreprend alors de les rassembler sous le préau, sans raison apparente.
Il renforce son ordre en assénant quelques coups de pieds aux enfants présents aux alentours.
Les enfants s'asseyent tous, dans le calme ou plutôt dans la terreur.
Le certain Mogbil continue de parler fort. Et d'un coup, sans raison apparente là encore, se jette sur un enfant des rues, ou plutôt une fille des rues.

Scène assez barbare.

Un animateur se jette sur une fille dans l'unique but de lui faire mal voir plus.
Personne ne réagit. Les animateurs ne bougent pas (spectacle courant?), les enfants commencent à taper Mogbil, conscients qu'il outrepasse ses fonctions. Un animateur tente de les séparer mais en vain.
Tibo se jette à son tour sur Mogbil, et voyant que la force est la seule manière de lui faire lâcher prise, entreprend de lui faire un étranglement de sorte qu'il soit obligé de stopper le combat sous peine de tomber asphyxié.
Tibo est néanmoins obligé de le malmener en le traînant presque par terre.
Il finit par lâcher la fille, en respirant à grand peine.
Tous les enfants finissent par rentrer dans le bus.

Mogbil reste a l'écart, tentant de reprendre son souffle. Le directeur essaye de rassurer et de calmer la fille.
Il la fait monter dans le bus. Mogbil vient ensuite lui parler a côté de nous.
Nous nous faisons traduire par Gloria: de toute façon que je sois viré du centre ou non, je tuerai cette fille...

Ca se passe de commentaires. Nous en sortons tous marqués, autant Tibo qui a été témoin et acteur, que les autres. Beaucoup de questions se posent, et nous décidons d'ouvrir nos gueules et d'en parler a qui de doit, cad notre bon Magdy.

Il apprend ainsi de notre bouche que les animateurs ont toujours un bâton.


[...]


¤ M o n  a c t i o n :

Je suis d'abord parti d'un sentiment vécu pendant nos deux mois associatifs en Egypte.

Le fait qu'un agnabi (étranger) s'intéresse aux enfants des rues, et viennent chaque jour les voir, plutôt que visiter les pyramides ou aller au musée du Caire, ça les touche.

En cela, je leur ai demandé de me respecter, non en tant que touriste, mais en tant qu'homme revenant en Egypte uniquement pour partager avec ces enfants.

De plus, j'ai voulu inclure une règle de comportement à mon égard, pour que cela émancipe les relations jeunes - adultes.

J'ai expliqué, au début tous les jours, puis de moins en moins fréquemment, que comme je ne frappais pas un enfant, je ne voulais pas en retour être frappé.

Ce message a été le plus dur à faire passer.

Certains grands voulaient se battre avec moi, pour le jeu. Des enfants me tapaient pour me taquiner...

Puis, au fur et à mesure, certains grands ont compris. Les plus petits ont été les plus rapides, me défendant au début contre les nouveaux qui se croyaient tout permis avec l'étranger.

Je peux dire finalement, vu le nombre de sourires, de bisous, de marques d'affection de tous ces enfants, que j'ai réussi à leur montrer la base de ce respect mutuel, l'amour de l'autre.

 

 


 

> L'hygiène au quotidien;

 

> Mes rapports;

 

> Pour aller plus loin: la violence au quotidien.

 
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